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3e rencontre nationale du ROCQLD

Réfléchir à sa pratique et s’outiller pour mieux remplir sa mission de base : la lutte au décrochage scolaire

L’équipe PARcours a participé à la 3e Rencontre nationale du ROCQLD tenue au centre Saint-Pierre à Montréal, le 17 novembre 2011, sur le thème  « Prendre le temps de réussir ».

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La matinée a été bien remplie avec une table-ronde qui a porté sur deux enjeux de fond : le cycle de la pauvreté et l’hyperconcertation, ce qui a permis de mieux cerner la réalité complexe de la lutte au décrochage scolaire. PARcours a retenu une idée forte et abordée de manière quelque peu inédite –on en parle peu dans les espaces médiatisés de la lutte au décrochage- par les panelistes, celle de lier la lutte au décrochage scolaire avec la lutte à la pauvreté. 

Gilles Peticlerc, DG de la Commission scolaire de Montréal et président du Réseau Réussite Montréal ainsi qu'Odette Viens, vice-présidente à l’innovation et au développement à Centraide, ont tous les deux identifié les mécanismes qui relient pauvreté et échec scolaire, soit la stigmatisation, le manque de ressources culturelles, la dévalorisation de l’éducation, le lourd stress quotidien, la distance avec la culture scolaire, et cela en plus des contraintes matérielles qui demeurent marquantes de l’expérience des familles défavorisées. La professeure Fasal Kanouté, de l’Université de Montréal a, pour sa part, rappelé que la pauvreté n’est pas qu’une condition individuelle, mais également une condition sociale, ce qui « nous met tous dans une position d’imputabilité collective » par rapport à ceux et celles qui se retrouvent dans cette situation.

Dans le même sens, les recherches menées par le réseau PARcours montrent que les jeunes en difficulté scolaire, ceux et celles qui vivent nombre de ruptures dans leur parcours et accumulent une succession d’échecs, proviennent majoritairement de milieux défavorisés. Il est toutefois utile de préciser que la défavorisation, associée ou non au décrochage scolaire, est constituée de trois volets : le volet économique, le volet social et le volet culturel; tous trois ne sont pas inextricables. Ainsi, les familles d’où proviennent les jeunes en difficulté peuvent vivre de la pauvreté économique et être sous-scolarisées, tout en partageant des valeurs, intérêts et activités appartenant à une culture populaire (orale) (volet culturel), et développer des liens sociaux diversifiés (réseau social). Ces réalités plurielles peuvent constituer des leviers tant pour la lutte au décrochage scolaire que pour l’accompagnement du raccrochage scolaire, voire social.

Enfin, une participante a soulevé un paradoxe qui rend difficile l’engagement des organismes communautaires dans une lutte à la pauvreté : le financement des organismes communautaires de lutte au décrochage (OCLD) est souvent accordé pour des projets spécifiques, ce qui limite leur capacité à agir de manière globale pour contrer ce problème aux ramifications complexes.

Ensuite, ont été discutés les faits et méfaits de l'hyperconcertation. Cette dernière est perçue comme lourde, affirme Mme Kanouté, en partie à cause d’un manque de compréhension des différences de l'Autre dans la recherche de cohésion. Si les différences de cultures peuvent parfois être perçues comme embarrassantes, elles sont non moins essentielles, car elles participent à une offre de service diversifiée auprès des jeunes, laquelle est appréciée.

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Dans l’après-midi, se déroulait une diversité d’ateliers. L’Équipe PARcours a participé à plusieurs d’entre eux.

L’atelier 1 : « Bâtir ensemble une évaluation à notre mesure »

Cet atelier fut l’opportunité pour les participantEs de réfléchir aux enjeux reliés à l’évaluation des pratiques en milieu communautaire. Les OCLD, de moins en moins financés pour leur mission globale, doivent plutôt souscrire à des critères prédéfinis pour satisfaire aux exigences de financement des différents bâilleurs de fonds. Ces subventionnaires exigent notamment que les OCLD évaluent les retombées ou effets de leurs programmes. Cette nouvelle dynamique force les groupes à modifier leurs pratiques sur deux plans. D’une part, ils doivent consacrer beaucoup de temps à la recherche de financement et, d’autre part, à l’évaluation des impacts de la pratique pour laquelle ils ont reçu une enveloppe.

Ces nouveaux enjeux ont suscité l’expression de malaises chez les participantEs qui ne mettaient nullement en doute la pertinence d’évaluer les résultats de leurs interventions avec les jeunes en processus de décrochage scolaire, mais soulignaient que ces exigences travestissent le sens profond de leur accompagnement dans la lutte au décrochage scolaire et dans l’accompagnement du raccrochage scolaire. Ces groupes travaillent avec des jeunes composant avec de très graves difficultés d’insertion sociale et scolaire qui sont souvent engagés dans ce que l’équipe PARcours a baptisé une spirale du décrochage scolaire. Dans cette foulée, la mission des OCLD ne consiste pas nécessairement à accompagner les jeunes vers la diplomation.

Or, un participant dénonçait le fait que les organismes subventionnaires demandent de plus en plus de faire la démonstration chiffrée des impacts de la pratique sur le retour à l’école et la persévérance scolaire. Faut-il que les organismes communautaires de lutte au décrochage modifient le profil de leur « clientèle » pour travailler avec des jeunes qui leur permettraient plus aisément de répondre à ces nouvelles exigences??!! Souhaitant ignorer cette voie, les participantEs ont plutôt réfléchi à des méthodes d’évaluation de type qualitatif qui leur permettraient d’accompagner leurs participantEs dans une réflexion sur le bilan de leurs expériences et simultanément, de colliger de l’information sur les retombées de leurs pratiques. Cette méthodologie qualitative, intégrée dans le processus d’intervention, apparaissait plus cohérente aux yeux des participantEs. Elle permet de dresser un portrait plus fidèle des retombées de la pratique d’accompagnement du raccrochage scolaire en milieu communautaire.

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L’atelier 5 : « Prévenir le décrochage des intervenant-E-s »

Cet atelier soulignait l’importance d’un accompagnement des personnes accompagnatrices des jeunes dans la lutte au décrochage scolaire, et dans l’accompagnement du raccrochage scolaire. Dans la phase précédente de la recherche-action, le réseau PARcours, associé à la Fondation des régions européennes pour la recherche en éducation et en formation (FREREF), a mis au jour des besoins divers des personnes accompagnatrices qui tous, montrent cette nécessité d’un accompagnement des personnes accompagnatrices (hyperlien avec la plaquette).

À titre d’exemple, les intervenantEs interviewéEs dans le cadre de la recherche ont exprimé un besoin de lieux formels de formation continue afin d’apprendre à partir de leur pratique concrète. De plus, les personnes accompagnatrices ont aussi formulé un besoin de lieux de réflexion et de partage sur les pratiques spécifiques, la nécessité d’utiliser les ressources humaines selon leurs forces et enfin, la nécessité pour les gestionnaires de prendre en compte le risque de l’épuisement professionnel. En partageant leurs initiatives respectives pour tenir compte de ces besoins, des intervenantEs de deux organismes communautaires ont, à l’occasion de cet atelier, montré que la structure organisationnelle des OCLD peut répondre à ces besoins de diverses manières. 

Pour plus d'informations, la programmation complète est disponible ici.