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Décroché? Raccroché! Oui, mais comment?

accueil_apelDu 1er au 3 juin dernier se tenait le Congrès de l'APEL, l'Association des parents d'élèves en enseignement libre à Clermont-Ferrand, France. Danielle Desmarais a été invitée à y prononcer une allocuation ainsi qu'à animer un atelier. L'équipe de l'APEL en a profité pour publier une entrevue sur le thème du raccrochage, que nous reproduisons ci-bas.

 

 

Décroché? Raccroché! Oui, mais comment?
3 questions à... Danielle Desmarais


Depuis quand le phénomène du décrochage scolaire existe-t-il ?

Il s’est développé dans un contexte de massification de l’éducation, dans les pays occidentaux, phénomène qui s’est ajouté à la fréquentation obligatoire de l’école jusqu’à 16 ans. Il y a des éléments qui contribuent à éloigner le jeune de ses études : certaines valeurs dominantes, que nous les adultes leur transmettons et que les médias relaient, telles la survalorisation de la consommation – qui pousse les jeunes au Québec et plus globalement en Amérique du nord, à chercher un emploi pour pouvoir consommer–, le leurre du succès instantané (et donc l’absence de valorisation de l’effort et de la persévérance) et, enfin, une société qui n’accorde de l’importance qu’à l’instant présent, et refuse toute projection dans l’avenir. Il importe donc de prendre une distance par rapport à certains traits caractéristiques de la vie actuelle, dans nos sociétés occidentales “développées”.

Pour raccrocher ces élèves, comment peut-on s’y prendre ?

D’après une recherche menée en partenariat avec la Fondation des régions européennes pour la recherche en éducation et en formation (FREREF), nous en sommes venus à mettre en avant l’idée d’un accompagnement pluriel et concerté du raccrochage scolaire, en particulier pour les jeunes de 16 à 20 ans, inspirés par le proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant ». Le premier levier, c’est le jeune lui-même, son cheminement personnel, sa réflexion sur le sens qu’il donne à la réussite scolaire. Il peut prendre conscience que la réussite peut se poursuivre dans des étapes ultérieures, dans la perspective d’une éducation tout au long de la vie. Les adultes qui l’entourent et ses pairs peuvent l’aider à faire ce cheminement. Au premier chef, bien évidemment, les enseignants et les parents. Ainsi que les intervenants sociaux qui interviennent auprès du jeune à l’école ou dans le milieu communautaire (associatif). C’est d’ailleurs souvent parce que le jeune n’a pas créé de liens significatifs avec un ou des enseignants – à un moment critique de son parcours, tel l’entrée au collège, par exemple – et parce que les parents n’ont pas su ou pu soutenir le jeune dans son parcours scolaire qu’il s’est progressivement désinvesti de l’école.

À quel moment faut-il se préoccuper du décrochage ?

Le décrochage scolaire est un phénomène qui se met habituellement en place de façon progressive dans la vie et le parcours scolaire du jeune. Les jeunes en processus de décrochage scolaire peuvent éprouver des difficultés d’apprentissage et de comportement assez tôt et qui s’aggravent à l’entrée au collège, faute d’un accompagnement adéquat, mais aussi à cause de difficultés de santé mentale, que je lie volontiers, pour ma part, au dysfonctionnement familial, à la pauvreté, à la marginalité de certaines familles. Alors pourquoi l’élève se désintéresse-t-il de l’école? Une première réponse – ce n’est certes pas la seule ! – : parce que nous, les adultes, n’avons pas réussi à lui proposer des contenus qui fassent sens pour lui... À ces facteurs il faut ajouter, dans l’entourage du jeune, le manque d’encadrement en classe (ratio enseignants/élèves trop élevé), l’absence de liens significatifs avec les pairs, ou la mauvaise influence des pairs, et, plus globalement, le manque de soutien, d’aide, de valorisation. L’école doit absolument être repensée comme un milieu de vie, où l’élève se sent bien, où l’on s’intéresse à lui, où il a une place et où les parents sont des alliés de tous les acteurs du milieu scolaire.

Extrait du Charl’Infos
Le journal du congrès de Clermont-Ferrand
Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (APEL nationale)
Tiré à part no 2 – samedi 2 juin 2012

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